Le rapport final de l'étude réalisée par le Laboratoire d'écologie de Gembloux est accablant. Il ne reste pas grand chose de valable sur le territoire communal, des actions de préservation des quelques zones non encore sacrifiées à l'agriculture intensive ou à la rage urbanistique menée par le pouvoir communal, sont à engager de toute urgence.
Mais est-ce vraiment la volonté politique de la commune ou une simple adhésion à un programme de développement de la nature (PCDN) destinée à obtenir quelques subsides régionaux et une bonne image politique « plus verte » ?
Les constats et conclusions de l'auteur de projet:
Sur les 9000 ha que compte le territoire communal seuls 14% peut présenter une structure écologique intéressante, 1,25% (seulement !) est de grand intérêt biologique et à protéger intégralement et 12 % des espaces devraient être converti en zones tampons annexes.
L'étude a permis de recenser:
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7 espèces de libellules dont il faudrait reconnecter les populations (= couloirs de déplacement);
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16 espèces de papillon dont le Cuivré commun et le Satyre;
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quelques reptiles;
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des oiseaux, dont certaines espèces de zones humides;
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des chauves-souris (espèces commues);
Il insiste également sur l'éradication des plantes invasives (Renouée du japon) à mener d'urgence , l'importance des prairies intercalaires dans et autour des villages qui sont en voie de disparition à cause de projets immobiliers systématiques, de la rectification trop rectiligne des cours d'eau néfaste à la biodiversité et sur fauchage prématuré des bords de route (les seuls espaces d'un maillage écologiques !) ainsi qu'à l'emploi d'herbicides par les services communaux ou les propriétaires.
Les actions prioritaires à mettre en œuvre sont:
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l'acquisition foncière des zones de grand intérêt biologique par la commune ou des associations actives en matière de biodiversité; de faire classer les sites pour qu'ils obtiennent un statut officiel et soient sous protection à long terme;
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l'amélioration de la qualité des cours d'eau par un programme d'épuration des eaux usées, avec collecteurs dans les fonds de vallée;
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la gestion mesurée de l'urbanisme dans un soucis de protection des habitats des espèces;
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le changement des pratiques communales en matière de fauchage et de traitements phytosanitaires (= très jolis vocable pour désigner les saloperies chimiques);
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la densification du maillage écologique;
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la sensibilisation aux aménagements réalisés par les particuliers dans leurs jardins et propriétés ( il n'y a quasiment plus que les jardins qui présentent un intérêt faunistique sur Hannut-centre !);
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le redéveloppement de certaines zones utiles comme les haies (arrachées par les exploitants), les zones boueuses (que ces mêmes exploitants s'évertuent à combler pour gagner quelques ares de production), les talus herbeux, les vieux vergers à haute tige (et non pas les squelettes miniatures sensés produire plus de fruits que de feuilles !) et donc de mener un inventaire de ces zones utiles sur l'ensemble du territoire.
La sensibilisation de la population (et de ceux qui possèdent 95% des terres) est donc essentielle d'après ce rapport: riverains, écoles, pouvoirs publics, entreprises (qui peuvent aménager intelligemment les pourtours de leurs terrains) doivent prendre conscience de l'intérêt de maintenir des habitats variés pour accueillir des espèces plus nombreuses, sous peine de devenir un désert écologique total et donc de perdre une qualité de vie que les habitants recherchent justement en s'installant à la campagne.
Le but n'est pas non plus de modifier massivement le paysage; pas question de créer des bocages anglais là où ils n'ont jamais existé !
Et pour terminer l'analyse générale, il faut améliorer la connaissance des espèces présentes car, au- delà ce ce rapport réalisé sur un temps très court, il faudra observer les évolutions des espèces présentes ou non sur l'entité, par des inventaires réguliers et organiser la collecte d'information à ce sujet ainsi qu'effectuer le suivi des sites sensibles.
A réaliser également:
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S'inscrire dans l'opération Biodiver'cités ou une autre
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Préserver les bois anciens et les bois morts
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Replanter des feuillus (pas d'épicéas ou de mélèzes)
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Délimiter des zones de réserve intégrale, sans aucune intervention possible
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Restaurer les saules têtards et replanter des alignements dans les fonds de vallée
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Faire classer un maximum d'arbres remarquables (il n'en reste pas beaucoup)
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Protéger les anciennes sablières, les débroussailler, maintenir les zones humides
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Ajouter des clauses dans les permis de bâtir ou de lotir
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Favoriser le pâturage extensif
Les sites d'intérêt biologique dans la commune:
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Wansin: fond de vallée, forêt alluviale (la seule sur le commune): aulne, peuplier, frêne. Il faudrait retirer les conifères et protéger les affleurements crayeux. Protéger la carrière souterraine qui abrite des chauve-souris dont 5 espèces menacées sous statut de Cavité souterraine d'intérêt scientifique.
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Bois des Péquets: protéger la zone où pousse une orchidée protégée et maintenir les vieux arbres.
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Grand-Hallet: site majeur de la commune : prairies humides remarquables, éliminer la peupleraie pour ouvrir le paysage et augmenter la luminosité. Il faut aussi interdire le remblayage ou le drainage qui tue une population de libellules.
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Bertrée: Bois des saules: développer un plan de gestion de la zone.
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Blehen/Lens Saint-Remy: prairies humides herbagères, développer un chapelet de nouvelles mares naturelles et lutter contre les pollutions des eaux. Limiter l'argousier. Des anémones sont présentes sur la zone.
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Avin/Moxhe: Protéger l'Iris des marais et zones connexes, nettoyer les berges de la Mehaigne.
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Bassins d'orage: effectuer des aménagements plus naturels et/ou débroussailler. A classer.
Villers/Poucet/Trognée/Crehen/Thisnes: déserts écologiques (merci les agriculteurs !)